Traumatisme psychique : pourquoi une prise en charge psychologique des victimes ?
1. Définitions préliminaires
Le traumatisme
Le traumatisme, ou trauma, est un choc émotionnel grave qui se manifeste par une effraction soudaine des défenses psychiques et entraîne des perturbations profondes au sein du psychisme.
La victime et la victime traumatisée
On désigne sous le mot de victime toute personne ayant subi une violence, qu’elle l’ait vécue ou non comme un trauma.
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Si l’événement n’est pas vécu sur un mode traumatique, la personne reste une victime.
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Si l’événement est vécu comme un trauma, on parlera de victime traumatisée.
Selon Louis Crocq, psychiatre et professeur des universités :
« Une victime est toute personne qui, du fait de l’action intentionnelle ou non d’une autre personne ou d’un groupe de personnes, ou du fait d’un événement non causé par une personne (catastrophe naturelle, accident sans auteur), a subi une atteinte à son intégrité physique ou mentale, à ses droits fondamentaux, ou une perte matérielle, ou tout autre dommage ou préjudice (scolaire, professionnel, d’agrément, moral, etc.). »
2. L’impact de la violence sur le corps et le psychisme
Toute forme de violence (émeutes, agression physique ou verbale, viol, hold-up, accident) peut provoquer non seulement la mort ou des blessures physiques graves, mais aussi des blessures psychiques durables.
Ainsi, toute personne blessée physiquement est aussi atteinte psychiquement par le choc émotionnel et les perturbations que l’événement entraîne dans son psychisme.
3. Les besoins psychiques de la victime : nécessité d’une prise en charge
Selon Louis Crocq, toute victime est une personne isolée dans la société, atteinte et souffrante parmi d’autres personnes indemnes.
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Chez une victime traumatisée, la souffrance est psychique et durable.
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Au moment du traumatisme, la personne s’est sentie sans secours, abandonnée par les autres et même par son propre langage, incapable de mettre en mots son expérience.
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Elle revient ensuite parmi les vivants « depuis l’enfer », encore en détresse, et se retrouve face à l’indicible du vécu traumatique.
Lorsqu’elle rentre à nouveau en contact avec les autres, elle ne peut exprimer pleinement son expérience. Pourtant, elle a un besoin vital de :
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compréhension,
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soutien,
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et d’une personne capable d’écouter l’énonciation de son vécu.
Limites de l’entourage et des institutions
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Dans le corps social, la famille peut offrir de la compassion mais pas de véritable soin.
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Les professionnels de la réparation (enquêteurs, experts, juges) sont contraints par le cadre technique de leurs fonctions et ne peuvent répondre aux besoins psychiques.
4. Le rôle de la prise en charge psychologique
D’où la nécessité d’une prise en charge psychologique spécialisée, assurée par des psychologues formés à la psychopathologie du trauma et aux méthodes de soin adaptées (par exemple l’EMDR).
Cette prise en charge permet :
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de reconnaître et accueillir la souffrance psychique,
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d’accompagner le processus de réparation,
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de redonner à la victime une place, une parole, une dignité.
Bibliographie
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Tarquinio, C. (2015). L’EMDR : Préserver la santé mentale et prendre en charge la maladie. Psychologies, 2ᵉ édition.
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Crocq, L. (2014). Traumatismes psychiques : prise en charge psychologique des victimes. Psychologie, 2ᵉ édition.