La peur de vieillir.

La peur de vieillir fait partie des grandes angoisses existentielles de l’être humain. Elle renvoie à la finitude, au passage du temps, à la perte des repères et à la transformation inévitable du corps et de l’identité. Cette angoisse est parfois intériorisée très tôt et peut se manifester avec force à certains âges de la vie, en particulier lorsque des événements douloureux — deuil, solitude, perte de séduction ou de rôle social — viennent la réactiver.


Le témoignage d’une patiente

Une femme de 67 ans confie : « J’ai peur de vieillir ». Elle consulte régulièrement des chirurgiens esthétiques : d’abord pour les paupières supérieures, puis pour redessiner l’ovale du visage. Prochainement, elle souhaite intervenir sur le cou.

Pourtant, malgré ces opérations, elle demeure malheureuse. Elle répète : « Je ne suis plus comme avant. Je ne suis plus la même qu’avant ».


La peur exprimée

Cette patiente avoue que vieillir la terrifie. Elle en vient à jalouser les jeunes femmes qu’elle croise.

Lorsqu’on lui demande si la peur peut ralentir ou empêcher le vieillissement, elle répond : « Non, bien sûr que non ». Le constat est sans appel : la peur n’a aucun effet sur le processus naturel et irréversible du temps.

Elle poursuit : « Le temps m’a pris mon mari, il m’a pris ma séduction ». Après sa première chirurgie esthétique, elle a ressenti une amélioration passagère, mais la déprime est vite revenue. Elle répète : « Je ne serai jamais plus comme Avant ». Elle se dit aujourd’hui inutile, désormais seule.


La perte de soi et les traumatismes non intégrés

Il est essentiel de distinguer plusieurs niveaux dans cette souffrance. La patiente pense avoir seulement perdu son mari. Mais, en réalité, elle a aussi perdu une partie d’elle-même : l’ancienne version d’elle-même.

Ces deux pertes — la perte de l’être aimé et celle de l’image passée de soi — n’ont pas été intégrées. Elles constituent de véritables traumatismes, sources de peur, de mal-être et de dépression.

En luttant pour « revenir en arrière », elle se bat contre le cours naturel de la vie. Ce combat impossible l’épuise, la plonge dans le désespoir et nourrit sa confusion.


L’approche thérapeutique proposée

En thérapie EMDR, le travail s’oriente autour de plusieurs axes complémentaires :

  1. Retraitement du traumatisme de la perte du mari.
  2. Renforcement des ressources internes : redonner un sentiment d’efficacité et d’utilité.
  3. Exercices d’ancrage : pour rétablir une stabilité émotionnelle au quotidien.
  4. Acceptation : aider la patiente à comprendre que vouloir redevenir celle qu’elle était est une lutte stérile.
  5. Clarification : sortir de la confusion générée par le traumatisme.
  6. Fixation d’objectifs thérapeutiques réalistes, co-construits avec la patiente.

Les objectifs choisis par la patiente

Dans le cadre de cette démarche, la patiente a choisi comme objectifs :

  • S’estimer telle qu’elle est aujourd’hui, prendre soin de soi et investir cette « nouvelle version » d’elle-même.
  • Surmonter l’absence de son mari, apprivoiser le manque.
  • Optimiser le temps qui lui reste, en s’ouvrant à de nouveaux projets et à de nouvelles expériences.

Conclusion

La peur de vieillir, lorsqu’elle s’accompagne de deuils et de pertes non intégrés, peut enfermer une personne dans un cercle de souffrance et d’impuissance. Les interventions esthétiques, si elles apportent parfois un soulagement momentané, ne suffisent pas à apaiser l’angoisse existentielle.

Un accompagnement psychothérapeutique, notamment par l’EMDR, permet de retraiter les traumatismes sous-jacents, de renforcer les ressources internes et d’accepter la réalité du temps qui passe.

C’est dans cette perspective que la patiente citée a accepté de partager son témoignage, afin d’illustrer le chemin possible vers une réconciliation avec soi-même et avec la vie.

Les commentaires sont fermés.